"Grosse"

"Grosse", autrefois, cela signifiait "enceinte".
"Je suis grosse" voulait dire "j'attends un enfant".
On disait aussi "gros(se) de..." (grosse d'un enfant à naitre, un coeur gros de chagrin, un esprit gros de projets...) cela signifiait "empli de".
Ce qui me frappe, c'est qu'on ait commencé historiquement à vouloir des femmes minces quand on a, avec l'industrialisation et l'industrialisation, mis les femmes au travail salarié. Au début on n'avait que des méthodes naturelles, puis il y a eu la contraception, c'est , au XXème siècle, un mouvement général allant vers la maitrise de la fécondité (avec des aller-retours, après les deux guerrres mondiales évidemment il y a des baby-boom et des retours passagers à la mode des femmes pulpeuses).
On veut maitriser, c'est ça le truc : maitriser le corps, les grossesses,  et les rondeurs qui sont bien sûr associées à la maternité, il en faut mais "pas trop".
Pour moi ce mouvement global de maitrise explique qu'on ait ces critères de beauté axés sur la minceur. On ne veut pas être "grosse" (à l'époque moderne trop de grossesses sont suposées être incompatibles avec la vie professionnelle).
"Grosse"cela signifierait aujourd'hui : passive, faible pouvoir d'achat; pas émancipée; inactive; pauvre; d'une classe sociale défavorisée; trop "mère" pour être femme, etc.

Bonjour Philon,

Tu es mère toi ?
Moi je suis grosse sans être mère, et du coup, ça ne m'évoque pas du tout la même chose.
Grosse et les préjugés associés pour moi (pas PAR moi !), c'est veule, sans volonté, sans grande intelligence mais brave fille. La grosse paysanne qui aime rire et manger quoi...

Ceci dit, dans le métro, les jeunes de banlieue par exemple, sont super sympas avec moi, depuis que je suis très grosse, genre comme ils seraient sympas avec une handicapée... c'est mignon et je prends leur offre avec plaisir et reconnaissance. C'est pas faux que l'équilibre est difficile quand on est bien grosse. (obésité massive).

Puisque l'on en est au vocabulaire, l'adjectif grosse ne me dérange pas du tout ceci dit, je veux dire, quand moi je me décris, je peux dire "Je suis grosse" sans avoir l'impression de me salir, de façon très factuelle.
Si je veux être particulièrement bienveillante avec moi-même, et ça ne fait jamais de mal, je dis "Je suis ronde" bien sûr... Par exemple, avant d'acheter des vêtements, pour me motiver et essayer d'être une ronde élégante. (pas facile pour moi).

Par contre, il est un adjectif que je déteste par dessus tout : "forte" dans le sens "rayon pour femmes fortes". D'abord parce qu'il est super ringard, mais il y a autre chose qui me met très en colère dans cette appellation. Je suis vulnérable, sensible, intelligente... tout sauf "forte"... Il y a une dureté dans ce mot, qui renvoie à une affreuse mégère. :)
Quand on pense qu'au départ, ça se voulait une appellation diplomatique pour ne pas dire grosse, lol !