Visitons le site du GROS

Voila. Vous connaissez sans doute le site www.gros.org

J'y ai relevé un témoignage interressant sur le forum. Certaines d'entre vous se reconnaitrons dans le profil type de cette mangeuse :

Bonjour

Après une période d'anorexie qui a fait suite aux régimes très stricts qu'on m'imposait au conservatoire de danse, j'ai vécu une période de 10 ans de boulimie (je me faisais vomir tous les soirs). J'ai beaucoup grossi mais je ne crois pas être vraiment grosse (58kg pour 1,65m), et je suis suivie par un psychiatre depuis 2 ans (je suis une femme et j'ai 28 ans)

Je pense que votre site est le premier site entièrement sensé que je lis sur la perte de poids, j'ai éprouvé un immense réconfort en vous lisant (on peut cesser de s'imposer des frustrations nutritives perpétuelles sans se considérer comme un être dépourvu de toute dignité humaine! A l'heure des régimes légaux, c'est agréable à entendre, presque comme une révélation: c'est en fait si simple, évident et limpide...). Je teste donc sur moi vos conseils que je tente de comprendre du mieux que je le peux.

J'ai néanmoins quelques questions : la sensation même de la faim n'est-elle pas délicate à définir? Je suis d'accord a priori avec le gout qui se modifie, mais c'est une sensation si subtile... personnellement, j'ai l'impression parfois de "tricher": de me persuader que je n'ai plus faim alors que je n'ai presque rien mangé, et inversement, de me convaincre que j'ai encore faim pour avoir le "droit" de finir un paquet de gateaux. Du coup, en me demandant sans cesse si j'ai vraiment faim, j'ai l'impression de me surveiller autant qu'en restriction cognitive... et de ne pas avoir le "droit" de céder à l'envie (que tout le monde éprouve parfois, je pense) de manger quelque chose de bon, juste parce que c'est bon, et pas par faim. Cela me donne envie de manger beaucoup sans penser à la sensation de faim. Comment réagir ?

D'autre part, vous parlez beaucoup dans vos critiques des régimes de l'atrophie de la vie sociale qu'ils provoquent, et je suis d'accord. Mais manger "ce qu'on veut quand on veut" me semble aussi poser problème dans ce sens: les horaires des repas ne correspondent pas toujours aux envies de chacun dans la mesure où ils sont (à peu près) fixes et communs, ce n'est pas un comportement naturel, mais une coutume sociale. Est-ce que les anciennes "victimes" de troubles du comportement alimentaires peuvent réapprendre à manger aux repas? Personnellement, je souffre parfois de ne pas pouvoir prendre de repas du soir avec mon ami parce qu'ayant mangé à ma faim une heure plus tôt je n'ai plus faim du tout le soir.

Une dernière question: même si je pense être sur une bonne voie de guerrison, je me sens parfois un peu "perdue", j'ai peur de ne pas faire ce qu'il faut et d'être victime d'un nouveau "piège" (comme celui de l'anorexie: on croit avoir enfin trouvé un solution "miracle" contre tous les problèmes, une réponse définitive à toute question sur la nourriture et les kilos en trop, et un jour on réalise qu'on s'est gravement fourvoyé...) Pensez-vous que ma psychanalyse "traditionnelle" soit un traitement suffisant (j'aime beaucoup ma psy, ce n'est pas le problème..., le transfert fonctionne :-p), ou faut-il que je consulte (aussi?) un spécialiste de la nutrition?

merci de prendre la peine de me lire, pardon pour la longueur

M.M.

Voici la réponse de l'intervenant du GROS :

Bonjour et merci de votre visite sur notre site,

Vous avez raison : il est tout à fait possible de scruter ses sensations alimentaires comme on scrutait la composition des aliments ou leur valeur calorique, et d’en faire un obsession comme précédemment ! Guérir de ses troubles alimentaires consiste, non pas à changer d’obsession, mais à se contenter d’une écoute souple des sensations et des émotions alimentaires. On peut se permettre d’être souple, c'est-à-dire de déroger à sa faim (manger sans faim, ne pas manger tout de suite alors qu’on a un peu faim), à son rassasiement (s’arrêter de manger sans être tout à fait rassasié, manger alors qu’on est déjà rassasié) parce que la régulation des conduites alimentaires est à la fois permissive et contraignante. Permissive sur le court terme, où on peut faire plus ou moins comme on veut, et s’adapter ainsi aux circonstances. Contraignante sur le moyen et long terme où si on s’écarte trop de ce que nous indiquent nos sensations alimentaires, celles-ci deviennent de plus en plus contraignantes, allant par exemple jusqu’à nous faire manger alors que notre moi conscient a décidé du contraire. Donc, pas d’affolement : si vous en faites à votre tête, un peu plus tard, vos sensations vous rappelleront à l’ordre !


Comme les moments de convivialité sont importants, si vous voulez dîner avec votre ami, faites-le ! Si vous avez faim une heure avant, posez-vous la question : puis-je attendre 1 heure de plus pour manger ce que j’aime en bonne compagnie ?

Si vous n’arrivez pas à concilier respect des sensations et vie sociale, n’hésitez pas à vous faire aider par un thérapeute compétent (liste sur demande au secrétariat).

Bon courage, vous êtes sur la bonne voie.

Merci makoto pour ce témoignage, ça va répondre à beaucoup de questions que se posent les filles (surtout les nouvelles) du forum!!

Excellent passage.. oui ça ne peut qu'aider les nouvelles et aussi confirmer les anciennes qui auraient des doutes en ce moment..

Tu parles de qui titine???

Makoto
Les questions que se posent cette jeune femme sont effectivement des questions auxquelles on se retrouve trés vite confrontées.
Contrairement à ce que prétend l'adage, une fois qu'on a chassé le naturel, il ne revient pas toujours au galop!

Alor là, suis carément d'accord ! Quand il s'agit de sensations alimentaires le naturel semble plus compliqué à installer dans les habitudes que le contrôle conscient !

Par contre, j'aime beaucoup le passage où l'intervenant du GROS explique que l'on peut remplacer une restriction par une autre. C'est riche d'enseignement !

Je pense que le naturel est plus compliqué à retrouver... parce qu'après des années de régimes, nous avons l'habitude du contrôle conscient... et parce que le discours ambiant prône ce contrôle... et laisse croire que c'est "ça" le naturel... :bof:

Je pense que le naturel revient... un jour! Dès que l'on a cessé notre obsession de notre poids, des calories, des quantités... le naturel s'installe tranquillement! Faut juste être patiente!

Dans une société habituée au "tout tout de suite", la patience est une qualité rare, d'autant que les discourt sur la beauté et la minceur (surtout l'industrie pharmaceutique) tendent à nous faire croire qu'il est possible de faire vite et bien.

Mincissez en 2 semaines ! Perdez du poids en dormant !

Comment voulez-vous que le consommateur lambda ne sot pas tenté par ces sirènes d'un bien être à porté de main ?