POurquoi s'empêche-t-on de mincir

krystel a écrit:

Justine, dans les 2 cas tu es mal à l'aise et il n'y a pas tant de différence que ça entre les 2.

Et pour la question : dans ton exercice qu'elle est l'avantage d'être ronde (et qui t'empêcherait de mincir)?

J'y ai repensé et je pense que cela souligne bien mon problème relationnel.
Je suis de ces personnes qui pensaient (pensent) que quand elles seront minces, tout ira mieux dans leur vie sociale, professionnelle, etc., qu'enfin elles pourront tout oser et tout réussir !
Or, ce n'est pas si simple. Mince ou pas, j'ai toujours autant de mal à aller vers les autres, sortir de ma coquille, m'imposer, m'affirmer, etc.
Mais, au moins, en étant grosse, j'ai un alibi ! Je peux remettre à plus tard. Je peux penser qu'il suffit de maigrir pour que ma personnalité se révèle, que mon vrai moi éclate au grand jour. Mais bien sur c'est plus compliqué et je n'arrive toujours pas à m'affirmer et exister comme je le voudrais.

Ca me rappelle aussi un passage du livre de Zermati, une anecdote sur une fille qui a des problèmes relationnels également, en particulier avec les hommes. Dès qu'elle mincit, elle est plus "courtisée" et donc plus mal à l'aise. Elle a du mal à gérer la situation. Et donc elle s'empêche inconsciemment de maigrir.
Je m'identifie un peu à cette personne, surtout dans certains moments. Les hommes dans la rue (c'est peut-être en partie dû aussi au quartier où j'habite) mais je ne supporte pas leurs reflexions, qui se veulent flatteuses, mais qui sont juste horribles et devalorisantes à mon avis. Je fais tout pour les éviter, pour être discrète, passer loin, ne marcher qu'avec mon mp3 même pour ne pas entendre, faire des détours même. Non pas que je me crois exceptionnellement belle, je sais bien que c'est la même galere pour des milliers de filles. Mais je sais que ça s'intensifie (peut-être est-ce dans ma tête..) quand je suis à un poids plus bas que celui auquel je suis en ce moment par exemple.

Il y a peut-être d'autres raisons, mais voilà mes relfexions du jour.

Je ne sais pas si les réflexions s'intensifient tellement quand tu maigris. je pense que c'est surtout notre comportement qui change quand on grossit: moins d'effort vestimentaire, moins de maquillage, le regard baissé, ect.

Moi aussi, j'avais beaucoup de mal avec la séduction et l'affirmation de soi. Je n'osais jamais regarder les gens dans la rue. Dès que j'entrais quelque part, je baissais les yeux.

Je viens tout juste de comprendre que j'avais peur en fait qu'on me découvre, qu'on me voit avec mes imperfections et depuis que je sais que je ne veux absolument plus être parfaite, je me libère. Je m'entraîne à regarder les gens dans les yeux, à pouvoir dire la couleur de leur yeux quand je les quitte ( même les caissières de supermarché, je ne les regardais pas dans les yeux). j'avais peur d'être moi, de m'affirmer. je me trouvais nulle et je ne voyais pas comment les autres pouvaient me trouver bien.

Le rapport aux hommes aussi me faisait peur. <Je me faisais des blocages parce que j'étais prise, que j'avais un bb comme si cela devait m'empêcher de vivre, d'être une femme. non, je veux qu'on me drague encore, m'amuser à les refouler lol.

Quand je me suis mariée en octobre dernier, j'ai explosé en larme en arrivant à la mairie. J'étais la dernière et ils étaient tous là réunis à m'attendre. Je n'arrivais pas à croire qu'ils étaient tous venus pour moi.

Bisous

Merci beaucoup Nathouille de ta réponse.
:smack:
Je vais essayer de travailler dans ce sens, à commencer par regarder tout le monde droit dans les yeux !

En ayant lu Barker, j'ai fait l'exercice..

Lorsque j'étais grosse, j'avais une robe de cocktail noire hyper moulante (le truc que je ne mets jamais!). Je me voyais devant le buffet à m'ingurgiter tout plein de bonnes choses! Triste parce que personne ne me voyait! En fait, lorsque je suis grosse tout le monde m'ignore et je donne l'impression d'être ininteressante!

Lorsque je suis mince, j'ai la même robe, suis hyper décontractée, je vais vers les gens, les gens viennent vers moi. Je me sens bien dans ma peau, dans mon corps! Je n'ai peur de rien! Je me sens exister pour ce que je suis réellement!

J'ai l'impression d'être totalement en accord avec moi-même.. et que l'on me considère comme je suis!

Je me suis aussi demandée si cela n'avait pas un lien avec mon enfance. Comme je n'ai jamais eu mon status d'enfant, j'ai l'impression que, lorsque je suis mince, on s'occupe de moi, on prend soin de moi, car la minceur évoque la fragilité... et que l'on me donnera plus facilement de l'amour si je suis mince que si je suis grosse...

En lisant ton message, choucha, je me suis demandée si on ne s'était pas "gravée" dans le crâne de fausses idées : quand on est mince, on est moins timide, on est sûre de soi...

Et finalement, non! J'ai été mince (il y a quelques années) et en dehors du fait que je pouvais m'habiller comme je le voulais et qu'on me complimentait (pourquoi est-ce qu'on complimente une mince pour son tour de taille, c'est abérrant!), je n'étais pas plus sure de moi que maintenant et pas plus heureuse!

La vraie solution n'est-elle pas finalement de cesser de croire les "croyances populaires" qui culpabilisent les 3/4 de la population féminine?
-Une femme mince est plus dynamique, plus sure d'elle, plus intelligente...
C'est n'importe quoi! ça nous culpabilise, ça nous frustre et surtout ça nous réduit à une simple envelloppe corporelle! ça n'est pas parce qu'on a des rondeurs qu'on est idiote, empotée et inutile!

Bien au contraire!

Par contre, pour revenir à ton "exercice", je pense que les filles ont raison, les rondeurs de l'enfant existent bel et bien et ne cherches-tu pas, encore l'amour de tes parents?
Peut-être veux-tu leur montrer que tu es leur enfant (joufflue) et qu'il te regardent et t'aiment enfin (avant qu'ils ne se rendent compte que leur fille est devenue une femme!)?

Tu as peut-être raison Krystel, on a peut-être des clichés trop "prototypés"! Les filles minces sont géniales, les grosses sont inintéressantes!

J'aime beaucoup vos réflexions vis à vis de la rondeur et de l'enfance. Je n'avais pas envisagé la chose ainsi et je me rends compte qu'elle n'est pas fausse.... On verra dans l'avenir, lorsque j'aurai pu régler certains problèmes si ce que nous disons est vrai ou non!

Bisous

Citation :

Comme je n'ai jamais eu mon status d'enfant, j'ai l'impression que, lorsque je suis mince, on s'occupe de moi, on prend soin de moi, car la minceur évoque la fragilité... et que l'on me donnera plus facilement de l'amour si je suis mince que si je suis grosse...

J'ai eu exactement la même intuition il y a quelques jours, que minceur et fragilité attirait la protection et amour. Ça renvoit vraiment au rôle archétype de la femme qu'on voit très bien dans les contes de fées : princesse fragile, faible et en détresse sauvée par le beau prince. Le schéma tombe si la princesse est solidement constituée.

L'exo m'a vraiment surprise. Dans mon cas, grosse je suis vêtue d'une robe laide et fleurie et je parle à quelques personnes pendant que des gens hautains se moquent de moi en me pointant du doigt.

Mince, je suis habillée d'une robe noire seyante et tous les hommes me regardent et me désirent. L'avantage d'être grosse m'a sauté aux yeux : on évite les emmerdeurs (ceux qui se moquent ne me parlent pas) et on a la paix. Le regard des hommes me gêne et je n'aime pas être draguée, ce qui m'arrivait tout le temps quand j'étais maigre. J'en retirais de l'orgueil, mais ça me mettait horriblement mal à l'aise. Je me sentais sans défense.

Je pense aussi que je me sens inélégante et trop voyante, grosse, le pourquoi de la robe laide et fleurie. Et bizarrement, grosse, je parle et je suis écoutée alors que mince je ne suis que regardée. Je pense que j'ai peur, en étant mince qu'on ne s'arrête qu'à mon physique.

Je suis vraiment perplexe...

Shmi

C'est toujours les mêmes appréhensions : si l'on devient mince, on va attirer la concupicence, le désir... alors que ronde, on reste la bonne copine qui ne fait de l'ombre à personne, on n'attire pas les regards, on n'est pas "sexuelle".

Mais je crois qu'avec le temps on reprend confiance en soi et l'on n'a plus peur du regard des autres, on apprend à l'affronter.

Souvent on se cache derrière nos rondeurs, c'est une carapace, une sauvegarde. On n'affronte pas le regard des autres, on le fuit.
Apprend à mieux te connaître, à t'accepter et à travailler sur ta confiance en toi, avec le temps, tes peurs s'effaceront peu à peu.

J'ai compris une autre chose importante hier à propos des obstacles à la perte de poids. Depuis la fin de ma thérapie, j'avais remarqué que je me mettais à paniquer chaque fois que je perdais un peu de poids. Je viens de réaliser qu'en fait, j'avais peur de vivre affamée encore. L'anorexie étant la restriction à plein gaz et comme je l'ai supporté pendant 10 ans, j'ai complètement traumatisée l'enfant en moi qui a dû performer dans une faim forte et constante pendant tout ce temps. À la moindre perte de poids, le spectre de cette faim revient et je me met à manger pour combler cette "peur d'avoir faim".

Shmi

Pdt ma collation je me suis amusée à faire l'exo (j'avais le tps, j'ai personne auj!)

Version "grosse" (j'aime pas ce terme déjà, je dirais "enrobée") : d'une, je gonflais à vue d'oeil pour me transformer en sumo femelle! autant dire que l'idée d'être en soirée : c'est niet! J'ai poussé l'effort de franchir cette foutue porte du resto (moi c'est un resto qui m'est venu en tête), je me suis attablée seule à une table près des toilettes comme la madame pipi! ma tenue, très sombre aussi pour me camoufler le plus possible des autres. Je les voyais rire, manger et moi je me frustrer en refusant les plats au fur et à mesure! je me sentais triste, pas à ma place dans ce monde impitoyable.

Version "mince", je suis entourée de mes amies et amis. Je rigole, plaisante. Je mange sans souci car je sais que j'ai un corps nickel et qu'un resto dans le mois ne fera rien, surtout que j'ai plus le physique d'une grande sportive! ma tenue, dans les tons pastels, il fait beau. Je me sens légère et aimée aussi!

Alors verdict?

Par rapport à vous, je ne sens pas la jalousie, la méchanceté dans le regard des autres. Je ne me comporte pas non plus comme une teigne. Je ne l'ai jamais été quel que soit mon poids.

Tu vois Titine, ce qui me frappe dans ton scénario, c'est que tu te vois te priver quand tu es grosse et manger normalement quand tu es mince. Je me pose simplement la question suivante : penses-tu que tu attends d'être mince pour manger à ta guise ?

J'avoue que ça m'a surprise que le surpoids soit associé à la restriction, alors que la liberté alimentaire (relative ce me semble puisque tu parles "d'un resto dans le mois") est associé à la liberté alimentaire parce que pour moi, c'est exactement l'inverse.

Reparles-en si tu le veux bien.

Je remonte un peu cet ancien post car je le trouve très intéressant!

voici ma vision:

Je suis à une soirée copines en train d'essayer des vêtements (çà m'est arrivé hier soir donc çà m'influence surement...) Il y en a partout, tout le monde essaye et je les trouves jolies, j'ai l'impression qu'elles sont bien dans leurs corps et moi en femme ronde, rien ne me va, je fais une fixation dans ma tête, je me sens moins bien que toutes autour de moi, je me sens moche et pas féminine du tout. (pourtant j'en côtoie des femmes rondes, super jolies et qui ont l'air de croquer la vie à pleine dent, il y a un coté mystérieux chez elles qui les rendent plus jolies que certaines personnes minces "sans vie"), mais sur moi je n'ai pas cette image là).

En mince, je suis comme elles, je me fond dans la masse, je suis femme, je suis sensible (j'ai le sentiment qu'on perçoit ma sensibilité), j'ai une beauté naturelle, je suis jolie sans être sophistiquée (car + je grossis, + j'essaye d'être jolie au travers du maquillage et des bijoux, j'attire l'attention sur autre chose..), je suis mince comme je l'étais enfant, bien dans mon corps et ma tête, je ne jalouse personne, je me fiche du corps des autres qui m'entourent, tout me va.

Par rapport au comportement alimentaire, il est le même dans les deux situations.

Voilà pour mon expérience! :smack:

Je viens de faire l'exercice également.
Je suis dans une pièce sombre, il y a de la musique forte, des gens discutent, boivent, dansent. Je suis assise sur un canapé, je suis seule et je me vois grossir grossir grossir comme une baudruche, je n'arrive plus à parler, je voudrais demander de l'aide mais impossible et personne ne semble remarquer mon état. J'ai l'impression que je vais étouffer dans ma graisse. C'est horrible.
En version mince, c'est curieux car je me vois de l'extérieur, la version grosse du canapé observe la mince. J'ai un pantalon noir assez moulant, et un haut qui capte la lumière, peut être un peu doré (c'est pas du tout mon genre en réalité). Je danse, je ris, je suis entourée.

Dans les deux cas je ne me vois pas manger.

Je trouve que ce qu'a écrit Krystel colle bien à ce que je pense/ressens:

Citation :

C'est toujours les mêmes appréhensions : si l'on devient mince, on va attirer la concupicence, le désir... alors que ronde, on reste la bonne copine qui ne fait de l'ombre à personne, on n'attire pas les regards, on n'est pas "sexuelle".

C'est exact ! je n'avais pas remarqué cette citation de Krystel qui reflète bien les ressentis. Moi aussi j'ai vraiment trouvé cet exercice pertinent.

Superbe ce sujet. J'ai lu toutes les pages. Voilà ce que j'ai imaginé :
Grosse, je suis habillée d'une robe de soirée bleu marine. J'ai les cheveux courts. J'ai le dos tourné aux invités et je m'empiffre comme s'il n'y avait personne dans la salle. C'est une grande salle somptueuse (genre château de Versailles). C'est une soirée mondaine. Personne ne me parle, ne m'aborde. Et je n'ai pas envie de parler aux autres puisque je suis entrain de manger. Mince, je porte la même robe, moulante, j'ai les cheveux mi longs, ondulés. Je participe à la même soirée. J'ai une coupe de champagne en main. Je discute avec des hommes et des femmes. Je suis au centre de la conversation. Tout le monde me félicite sur ma silhouette.